EntraînementPublié le 28 mai 2018

Quand pousser lourd peut améliorer votre qualité de vie

La dynapénie: Une influence sous-estimée pour un vieillissement sain

Dans les cercles de médecine fonctionnelle et en naturopathie, on met généralement l’accent sur la santé des enfants. Par exemple, on s’intéresse aux troubles du spectre autistique, à l’augmentation de l’incidence des allergies alimentaires ou encore, au diagnostic correct des troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Mais qu’en est-il de la santé et du bien-être des personnes âgées?

Lorsque les discussions sur les problèmes de santé liées à l’âge ont effectivement lieu, il semble que l’attention est portée principalement sur la maladie d’Alzheimer, la perte des facultés intellectuelles et sur les autres formes de dégénérescences neurologiques qui affectent les fonctions cognitives.

Mais qu’en est-il du corps et de ses capacités physiques?

Lorsque la détérioration physique devient sévère, elle peut être aussi accablante que l’instabilité mentale ou cognitive. Dans les deux cas, l’indépendance du mode de vie d’un individu peut être affectée de manières similaires. Une des formes de détérioration physique commune est la sarcopénie qui se définit comme la perte de masse musculaire qui prend place lors du processus de vieillissement. Existant dans son ombre, mais non moins importante, on trouve aussi la dynapénie.

En contraste avec la perte de masse musculaire, la dynapénie concerne la perte de force musculaire. Le terme trouve son origine dans le grec dyna, qui signifie « puissance, force » et penia pour « pauvreté ». Le concept englobe à la fois la force et la puissance mécanique, c’est-à-dire la charge qu’un individu est capable de soulever et l’explosivité avec laquelle il peut le faire. Cette faiblesse musculaire et ce manque de force peuvent affecter les individus de tout âge. Toutefois, ce phénomène semble particulièrement présent dans le cas des personnes âgées.

La qualité compte autant que la quantité

À un âge avancé, la qualité de vie est intimement liée au degré de mobilité disponible et à l’amplitude de mouvement ainsi qu’aux mouvements possibles en l’absence de douleur.

L’indépendance dépend de la capacité à effectuer les activités quotidiennes qui demandent un certain degré de force musculaire comme transporter de lourds sacs d’épicerie jusqu’à la voiture, monter et descendre des escaliers et se lever d’une chaise avec facilité.

Bien qu’il faut s’attendre à perdre une certaine quantité de force avec le vieillissement, il est possible de retarder leur déclin avec l’entraînement physique. On sera alors capable de préserver son indépendance plus longtemps et donc prendre soin des tâches ménagères et même veiller à sa subsistance.

Une étude menée sur des hommes et femmes résidant aux États-Unis a démontré des résultats pour le moins ahurissants. Entre 16 et 18% des femmes et 8 à 10% des hommes sont incapables de soulever 10 livres ou de se baisser et de s’agenouiller. Ce sont des statistiques bien inquiétantes. Il est donc quasiment impossible pour de tels individus de descendre d’un VUS sans aide.

La force de l’âge! 

La corrélation entre perte de force musculaire liée au vieillissement et perte de masse n’est ni directe, ni complète.

Selon les études, la perte de force est substantiellement plus rapide que la perte de masse et la prise de masse ne prévient pas nécessairement le déclin de la force musculaire. Chez une petite cohorte d’hommes âgés de plus de 69 ans (dont le taux de IGF-1 était bas, mais qui étaient tout de même en bonne santé), un traitement à l’hormone de croissance sur six mois a eu pour résultat d’augmenter la masse maigre et diminuer la masse adipeuse. Cependant, le traitement n’a conduit à aucune amélioration fonctionnelle. Chez les personnes âgées, la sarcopénie et la dynapénie sont toutes deux des facteurs de risque en ce qui concerne les limitations fonctionnelles et les handicaps physiques. Pourtant, si on en croit le regroupement de données issues de différentes études, la dynapénie semble contribuer légèrement plus à ces répercussions que la sarcopénie.

On ne dispose pas encore de critères diagnostiques précis pour identifier la dynapénie, mais les deux déterminants que l’on utilise couramment sont la force de préhension de la main et la force de l’extenseur du genou.

Par quoi est causée la dynapénie?

Les chercheurs pensent que la perte de force est intimement liée à des déficits neuronaux. Il se peut qu’une perte de la capacité à recruter et engager totalement les motoneurones et fibres musculaires existants affecteraient l’activation musculaire et la capacité intrinsèque à générer de la force. Ce phénomène reste sans rapport avec la taille du muscle.

Les données récoltées lors d’autopsies indiquent une diminution de la taille des corps cellulaires des neurones du cortex, cette diminution allant jusqu’à 43% chez les individus âgés de plus de 65 ans en comparaison à des sujets plus jeunes. On a également observé que la fréquence maximale d’activation des unités motrices est réduite. Elle se situe entre 35 et 40% plus bas chez les personnes plus âgées comparativement aux jeunes adultes.

De quoi réfléchir… et agir!

Pour ce qui est de prévenir la sarcopénie, malheureusement, la vie n’est pas un film de science-fiction et on ne peut pas raisonnablement imaginer atteindre ses 80 ou 90 ans avec la force, la puissance et la mobilité de ses 20 ans. Un certain degré de déclin et de détérioration musculaire est inévitable. Une manière de ralentir la dégradation de la masse musculaire est d’adopter un régime plus élevé en protéines. Par contre, on en ne sait pas beaucoup en ce qui concerne le rôle de la nutrition sur la dynapénie. En règle générale, une alimentation saine qui favorise le bien-être et la santé pourrait aider à contrer le phénomène de dégénérescence neuronale.

Ceci étant dit, puisque le but est d’ajouter des années à sa vie, l’adage « on s’en sert ou on le perd » tient toujours. C’est pourquoi on devrait continuer de pratiquer une activité de renforcement musculaire en vieillissant. Marcher ou faire du jogging dans la nature peut être bénéfique, mais ce n’est pas la recette entière. Pour vieillir en santé, il faut soulever des charges de temps à autre. Ce pourrait bien être tout aussi important qu’une saine alimentation.

 

Source: Charles R. Poliquin, Strength Sensei

Écrit par Charles R. Poliquin

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